Ce terme a été proposé par Alexander Luria (1902-1977), un psychologue soviétique, dans les années 50. Cette approche psychologique est née avec les patients souffrant de pathologies cérébrales. D’ailleurs, selon Henri Hécaen, « la neuropsychologie est la discipline qui traite des fonctions mentales supérieuresdans leur rapport avec les structures cérébrales ».
Les fonctions mentales supérieures sont, par analogie à une boîte d’ordinateur, le matériel (disque dur, carte mémoire, les fils, etc) permettant à une personne d’entendre, d’écouter, d’effectuer des tâches, réaliser des projets, conduire un auto, jouer d’un instrument, vivre des émotions, apprendre de nouvelles informations etc. Tout cela se traduit dans le domaine de la neuropsychologie comme l’ensemble des processus appartenant à la neurologie, aux fonctions cognitives, à l’affect, à la personnalité et au développemental.
Attention — capacité d’atteindre un niveau d’éveil suffisant afin de pouvoir se concentrer sur diverses situations. À titre d’exemple : J’ai de la difficulté à me concentrer.
Fonctions exécutives — processus nécessaire à tout comportement autonome et adapté à des situations nouvelles ou complexes. À titre d’exemple : Aller faire son épicerie, conduire son auto.
Fonctions mnésiques — mémoire des faits, des connaissances et des habiletés accumulés au fil des années. À titre d’exemple : J’ai oublié où j’ai garé mon auto; qu’est-ce que j’allais chercher dans la cuisine?
Perception et orientation — représentation et analyse de la forme, la couleur, la profondeur, la distance et l’orientation des objets ainsi que leur relation dans l’espace. À titre d’exemple : percevoir son environnement.
Motricité — organisation et contrôle des mouvements du corps. À titre d’exemple : manipuler des objets, se sécher les cheveux, couper des légumes.
Langage — l’aptitude à comprendre et exprimer une idée par l’écriture ou la parole.
Affects (émotions, dépression, anxiété, etc.)
La personnalité (dépendante, obsessionnelle, narcissique, borderline, antisociale, etc.)
Le développement normal et anormal propre à l’individu.
L’évaluation en neuropsychologie
Pour parvenir à comprendre ces processus, le neuropsychologue utilise des tests qui ont été antérieurement administrés à des personnes d’âges, de sexes et de cultures différentes. Ces outils considèrent également le niveau de scolarité et parfois les milieux de vie (rural vs urbain). Le but du neuropsychologue est de trouver les forces et les faiblesses des personnes.
Les principaux troubles neurocognitifs
Classification des troubles neurocognitifs associés au VIH (du terme anglais : HIV Associated Neurocognitive disorders, HAND).
Il existe 3 diagnostics possibles :
Le trouble neurocognitif asymptomatique (Asymptomatic neurocognitive impairment, ANI) est une absence d’un déclin dans la vie quotidienne. « Docteur, je me sens très bien et je ne comprends pas pourquoi je devrais continuer de prendre ma médication ».
Le trouble neurocognitif léger (Mild neurocognitive disorder, MND) est un déficit léger à modéré touchant la vie quotidienne et les fonctions cognitives. « Docteur, je fais fréquemment des oublis. Au travail ça va bien, mais ce n’est pas comme avant ».
La démence associée au VIH (HIV associated dementia, HAD) est la condition la plus sévère touchant la vie quotidienne et les fonctions cognitives. « Docteur, j’ai perdu mon emploi et j’ai de la difficulté à faire mes finances. Je perds des objets et j’ai de la difficulté à me concentrer. Je cherche mes mots lorsque je parle ».
Ce schéma représente la proportion des personnes aux prises avec des difficultés neurocognitives que nous appelons le HAND. Le HAND représente de 23 à 69 % de la population VIH. Elle se divise en 3 catégories : le ANI de 21 à 30 %; le MND de 5 à 12 %; et finalement le HAD de 1 à 2%.
(Antinori et al., Neurology 2007)
Enjeux du diagnostic du HAND
Comme pour chaque maladie, le HAND a aussi des comorbidités (par exemple, abus d’alcool ou de drogues, un accident vasculaire cérébral (AVC), l’anxiété ou la dépression) qui influencent les capacités cognitives. Ces comorbidités rendent le diagnostic du HAND difficile à établir.
Vous pouvez vous poser la question suivante : « Est-ce que je vais perdre de plus en plus mes facultés mentales (ex.: ma mémoire)? » Et bien, il faut savoir qu’en vieillissant, notre cerveau ralentit, car nous perdons des cellules. Ce processus est normal. Dans le cas des personnes avec le VIH, les recherches actuelles indiquent que l’évolution est non progressive. Cela veut dire que si vous avez le diagnostic de MND, il est possible avec un bon suivi médical et la prise régulière de vos antirétroviraux que vous retrouviez un état cognitif quasi normal et fonctionnel. Ainsi, les scientifiques disent que les symptômes de difficultés cognitives peuvent s’atténuer.
— Dr Emmanuel Tremblay, Ph.D., neuropsychologue
Rapport sur le VIH et le vieillissement au Québec — 2013